Yakka Silmandé embrase le Théâtre de l’Amitié : une ode flamboyante à la musique, à la parole et à la lumière
Bobo-Dioulasso, 21 juin 2025 — En ce solstice de juin, la ville de Sya a encore prouvé qu’elle n’est pas simplement une cité de pierre et d’histoires, mais une matrice de sons, de rythmes, de poésie et de résilience. À l’occasion de la Fête de la Musique, le Théâtre de l’Amitié s’est transformé en un sanctuaire vibrant, où l’art a été célébré dans sa forme la plus pure et la plus habitée. L’enfant du pays, Yakka Silmandé, y a livré un concert inoubliable, un moment suspendu, dense, intense, tissé de verbe, de feu et de lumière.
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Un appel à l’élévation
Dès les premières notes, le ton était donné. Yakka Silmandé n’était pas simplement monté sur scène pour "chanter" — il était venu pour offrir. Offrir la parole comme une semence fertile, offrir la musique comme une prière, offrir la scène comme une agora où se murmurent les silences du peuple et se hurlent les vérités oubliées.
Revêtu d’un boubou sobre aux couleurs d’ocre et d’indigo, les bras levés vers la foule en guise de bénédiction, il s’est avancé lentement, humble mais souverain, porté par une clameur déjà incandescente. Dans ses yeux brillait cette lueur propre aux poètes qui ont traversé l’ombre sans en oublier la lumière.
La magie d’un verbe incarné
Le concert, d’une durée de deux heures et demie, a été une succession de tableaux émotionnels, un véritable rite de passage entre douleur et espoir, entre mémoire et avenir. Chaque chanson, puissamment habitée, convoquait les luttes d’hier, les blessures d’aujourd’hui, les utopies de demain. Ses paroles, ciselées avec la rigueur d’un artisan du verbe, résonnaient comme des flèches en plein cœur.
Avec des titres sublimes, Yakka Silmandé ne se contente pas de faire de la musique. Il déploie un langage total, une musique qui parle à l’âme, au corps et à la conscience. Il mêle avec brio les tonalités du jazz sahélien, les envolées du blues mandingue, les tambours du pays moaga et les bruissements d’une poésie libre, dense, foisonnante.
Une voix qui guérit
Mais ce qui a bouleversé le public ce soir-là, ce fut surtout sa voix. Une voix grave, nuancée, souple, tantôt murmure, tantôt cri, capable de caresser les blessures comme de réveiller les silences. À chaque envolée lyrique, l’assistance retenait son souffle, suspendue aux modulations d’un timbre qui semblait parfois provenir d’un autre âge, d’un autre monde.
Les applaudissements, souvent spontanés, s’interrompaient parfois, comme si les spectateurs — debout, debout tous — ne voulaient pas troubler la fragile alchimie entre l’artiste et le silence. Car oui, le silence, dans ce concert, fut lui aussi un acteur : un silence habité, vibrant, comme une respiration collective entre deux poèmes lancés à la foule comme des psaumes rebelles.
Une communion avec le public
Le Théâtre de l’Amitié, comble jusqu’aux gradins supérieurs, vibrait à l’unisson. On y croisait des étudiants, des dozos, des enfants, des artistes, des enseignants, des artisans, tous rassemblés, comme aimantés, par une même quête : celle du beau, du vrai, de l’essentiel. Il y avait dans cette foule un souffle rare, presque sacré, un sentiment de communion que seuls les très grands artistes savent provoquer.
« Yakka, c’est notre griot moderne, notre phare », nous confiait Aïssata, une jeune femme aux yeux rougis par l’émotion. « Il ne chante pas pour divertir, il chante pour réveiller. »
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Un hommage appuyé à KAMBANDA CULTURE
Au cœur de cette réussite artistique se trouve un partenaire indéfectible : KAMBANDA CULTURE. Grâce à son accompagnement, à son professionnalisme et à sa foi dans les artistes émergents comme confirmés, ce concert a pu prendre l’ampleur d’un événement national. Le directeur de la structure, visiblement ému à la fin du spectacle, n’a pas manqué de rappeler combien « soutenir l’art aujourd’hui, c’est poser les jalons d’une conscience libre et éclairée pour demain. »
Yakka Silmandé, de son côté, a salué cette collaboration dans une allocution de clôture d’une intensité rare : « Ce soir, nous étions ensemble au nom de l’art, au nom du verbe, au nom de la lumière. Merci à Kambanda. Merci à vous, peuple de Sya. La musique est une traversée. Et vous m’avez porté. »
Un avenir sur d’autres scènes
Pour ceux qui n’ont pu assister à cette performance d’anthologie, l’artiste a promis de revenir. Et pour ceux qui l’ont vécu, un rendez-vous est d’ores et déjà pris. Silmandé a annoncé une tournée nationale pour les mois à venir, avec des étapes prévues à Ouagadougou, Gaoua, Kaya, Koudougou et même au-delà des frontières, à Bamako, Niamey, Lomé et Abidjan.
Ce concert au Théâtre de l’Amitié n’était donc pas une fin, mais un commencement. Celui d’une nouvelle ère musicale où la beauté, l’engagement et la profondeur ne sont plus incompatibles. Une ère où l’artiste n’est plus un amuseur, mais un veilleur. Un témoin. Un semeur de conscience.
Et après les projecteurs…
Tandis que les derniers spectateurs quittaient les gradins, les échos de la soirée résonnaient encore dans les rues de Bobo. Certains fredonnaient les refrains, d’autres restaient silencieux, habités. Une chose est sûre : ce 21 juin 2025 ne s’oubliera pas. Il a inscrit dans la mémoire de la ville un moment d’art pur, de beauté brute, de lumière généreuse.
Merci, Yakka Silmandé. Vous avez chanté, et nous avons entendu.
Saidicus Leberger
Pour Faso Patriotes TV