Éducation – Résultats du CEP 2025 - Une moisson d’excellence : quand les écoles primaires renouent avec l’espoir
Dans un paysage éducatif où les résultats du BEPC 2025 ont semé l’inquiétude, le Certificat d’Études Primaires (CEP) vient d’offrir une salve d’espoir. À travers le pays, plusieurs établissements primaires affichent des taux de réussite exceptionnels, parfois même parfaits. Une performance collective qui interroge, encourage et invite à repenser l’accompagnement pédagogique tout au long du parcours scolaire.
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Un taux de réussite national en nette progression
Ce mercredi matin, dans la cour sablonneuse de l’école primaire publique de Colma, les cris de joie des écoliers ont fait vibrer les murs autrefois silencieux. À la lecture des résultats, 87 candidats, 87 admis. Un taux de réussite de 100 %, qui n’est pas un cas isolé dans cette session 2025 du CEP. À l’échelle nationale, le ministère de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation annonce un taux de réussite global dépassant les 76 %, en progression de plus de 5 points par rapport à la session précédente.
Dans les écoles urbaines comme dans les zones rurales, ce sont des dizaines d’établissements qui affichent des performances remarquables, souvent inattendues. Du centre de Dédougou aux plateaux de Banfora, des écoles publiques comme privées se distinguent par des résultats au-delà de la moyenne, offrant ainsi un rare motif de fierté dans une actualité éducative souvent marquée par les carences, les retards ou les crises.
Les ingrédients d’une réussite collective
« C’est une victoire du travail bien fait, une reconnaissance du sérieux de l’encadrement et de la volonté de nos enfants », explique M. Kaboré, directeur de l’école de Lafiabougou, où l’on a enregistré un taux de réussite de 95 %. Cet éducateur, au parcours long de plus de 30 ans, voit dans ces résultats le fruit d’un partenariat intelligent entre les acteurs : enseignants, parents, communautés locales et encadrement administratif.
Les témoignages convergent. Dans plusieurs établissements ayant atteint ou frôlé les 100 %, l’on évoque une rigueur renforcée dans l’application des programmes, des séances de remédiation ciblées, une implication parentale accrue, mais surtout un regain de motivation chez les élèves eux-mêmes. « Ils ont compris que leur avenir commençait ici, sur ces bancs parfois poussiéreux, mais porteurs de promesses », déclare Mme Traoré, institutrice à l’école centrale de Koudougou.
Le rôle des communautés éducatives locales
Autre facteur souvent souligné : la mobilisation des communautés. Dans les régions où les infrastructures restent modestes, des comités de parents d’élèves ont pris l’initiative de fournir des lampes solaires, d’organiser des séances d’études nocturnes ou encore de nourrir les enfants pendant les périodes de révision. À Bama, une coopérative de femmes a financé des fournitures scolaires pour 143 élèves issus de familles modestes. À Yako, des anciens élèves ont parrainé les frais d’examen de tout un centre.
« L’école devient alors un projet collectif, un bien commun que chacun protège et fait grandir », commente le sociologue Issouf Sana, spécialiste des dynamiques scolaires en Afrique de l’Ouest. « Ce modèle communautaire, s’il est bien structuré, peut réconcilier l’institution scolaire avec ses racines populaires. »
Un contraste frappant avec le BEPC
Mais cette lumière éclatante ne doit pas masquer les zones d’ombre. Car à peine quelques semaines plus tôt, les résultats du BEPC avaient déclenché une onde de choc. Taux de réussite en chute libre dans plusieurs localités, multiplication des cas d’abandon scolaire, stress généralisé chez les enseignants et élèves du secondaire… Ce contraste brutal avec la réussite du CEP a de quoi interpeller.
Nombre d’acteurs pointent du doigt la rupture du suivi pédagogique au-delà du primaire. Le passage du CM2 à la 6e marque souvent une fracture : effectifs pléthoriques, manque de personnel qualifié, déperdition scolaire accélérée, faible adaptation psychologique des élèves. « Ce que nous avons réussi au primaire doit impérativement être consolidé dans les cycles supérieurs », alerte M. Zongo, inspecteur de l’enseignement de base dans la région du Centre-Sud.
Des défis persistants malgré l’euphorie
Car derrière les sourires des admis, l’institution scolaire continue de porter son lot de défis. Classes à effectifs surchargés, manuels insuffisants, manque criant d’enseignants dans certaines zones frontalières… Le système reste fragile. Et la réussite au CEP, si réjouissante soit-elle, ne doit pas occulter les nécessaires réformes structurelles.
Les syndicats enseignants appellent d’ailleurs à un dialogue franc sur la revalorisation de la fonction éducative à la base. « Le succès de nos élèves est aussi le reflet de notre dévouement. Il est temps que cela se traduise en reconnaissance concrète, en formations continues et en meilleures conditions de travail », plaide Mme Ouedraogo, membre du Syndicat national des enseignants du primaire.
Vers un nouveau souffle pour l’éducation de base ?
Face à cette embellie, les autorités éducatives promettent d’en tirer les leçons. Dans un communiqué officiel, le ministre en charge de l’éducation a salué une performance « remarquable et inspirante », tout en annonçant une série de mesures pour capitaliser sur cette dynamique. Parmi elles : la consolidation du système de tutorat scolaire, la numérisation progressive des outils pédagogiques et l’élargissement des cantines scolaires dans les zones à faible taux de rétention.
Pour de nombreux observateurs, il s’agit là d’un tournant potentiel. « Si cette réussite devient un socle sur lequel on construit une continuité éducative stable, alors le CEP 2025 ne sera pas un simple pic isolé, mais le point de départ d’une véritable révolution éducative », espère la chercheuse Aminata Guirma, experte en politiques publiques éducatives.
La fierté, mais aussi la lucidité
Dans une cour d’école de Bobo-Dioulasso, une jeune fille en uniforme, cartable en main, serre son attestation de réussite contre sa poitrine. Son père, tailleur de quartier, a laissé échapper quelques larmes. Non pas de tristesse, mais d’espoir. « Elle ira loin », murmure-t-il.
Oui, ils sont nombreux, ces enfants du CEP 2025, à porter désormais sur leurs épaules l’espoir d’un pays qui doute parfois de son avenir mais n’a jamais cessé de croire en l’école. À condition que celle-ci, forte de ses victoires au primaire, sache bâtir des ponts solides vers l’avenir.
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À retenir :
Taux de réussite national du CEP 2025 : +76 %, en hausse
Des écoles enregistrent jusqu’à 100 % de réussite
Réussite attribuée à un fort engagement des communautés éducatives
Besoin urgent de réformer l’encadrement au secondaire (BEPC en baisse)
Les autorités annoncent des mesures pour capitaliser sur cette dynamique
Témoignage marquant :
« Quand j’ai vu mon nom, j’ai pensé à ma maman. Elle se lève à 4h du matin pour que je sois à l’heure à l’école. Ce succès, c’est le sien aussi. »
— Aïcha, 12 ans, élève admise à l’école primaire de Tounouma.
Un signal fort pour toute la nation. L’école de la République peut encore briller. À condition de ne pas s’arrêter en chemin.
KINDO Brahima
CORRESPONDANT - EDUCATION
Pour Faso Patriotes TV