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TRAGÉDIE À COLMA : UN MAQUIS RÉDUIT EN CENDRES APRÈS UNE BAGARRE MORTELLE

Publié le

Bobo-Dioulasso, 22 avril 2025. Dans la nuit lugubre du lundi 21 au mardi 22 avril, le quartier de Colma, situé au cœur palpitant de Bobo-Dioulasso, a été le théâtre d’un drame à la fois brutal et révélateur d’une société à vif. Le maquis bien connu des noctambules locaux, ‘’Œil du Cyclone’’, a été entièrement consumé par les flammes après une rixe mortelle ayant impliqué un jeune employé de l’abattoir de la ville.

Le maquis Oeil du Cyclone situé à Colma détruit
Le maquis Oeil du Cyclone situé à Colma détruit

Ce lieu de convivialité, autrefois animé par les rires, les verres levés et les échos de la musique urbaine, s’est transformé en brasier de colère, de deuil et de revanche. Ce mardi matin, ne subsistent plus que des décombres calcinés, des odeurs de fumée âcre, et les silences lourds des témoins abasourdis.

Une altercation funeste au cœur de la nuit

Selon les premières informations recueillies sur place, tout aurait commencé dans la soirée du lundi, alors que le maquis accueillait comme à l’accoutumée une clientèle bigarrée, mêlant jeunes travailleurs, étudiants, commerçants et riverains. L’atmosphère était semble-t-il détendue, jusqu’à ce qu’éclate une altercation entre un jeune homme, identifié comme employé à l’abattoir municipal, et d’autres individus dont l’identité reste pour l’instant floue.

La dispute aurait rapidement dégénéré en bagarre violente. Selon plusieurs témoins oculaires, le jeune homme aurait été frappé à la tête à l’aide d’un objet contondant. Transporté en urgence hors du maquis par des civils avant même l’arrivée des secours, il aurait succombé à ses blessures quelques instants plus tard, dans une ruelle adjacente.

Le maquis Oeil du Cyclone situé à Colma détruit
Le maquis Oeil du Cyclone situé à Colma détruit

Une colère fulgurante, une vengeance immédiate

À peine la nouvelle de son décès avait-elle filtré que des collègues de la victime, accourus depuis l’abattoir, ont fait irruption sur les lieux du drame. Face à l’insoutenable, face au corps sans vie de leur camarade, leur douleur s’est muée en rage. Ce qui n’était qu’un choc s’est transformé en furie collective, aveugle et dévastatrice.

En quelques minutes à peine, le maquis ‘’Œil du Cyclone’’ s’est retrouvé livré à la furie vengeresse d’une foule déchaînée. Le mobilier a été brisé, les installations électriques arrachées, les vitres fracassées, les congélateurs éventrés, les réserves de boissons répandues sur le sol… avant que le feu ne soit mis aux lieux.

« C’était d’une violence inouïe, on aurait dit une scène de guerre. Je n’ai jamais vu un tel déchaînement de colère », confie, encore tremblante, une riveraine ayant observé la scène depuis sa cour, à bonne distance.

Les forces de l’ordre sur le pied de guerre

Alertées rapidement par des voisins pris de panique, les forces de police sont arrivées sur les lieux alors que les flammes achevaient leur œuvre. Les agents ont d’abord tenté de sécuriser le périmètre, mais n’ont pu qu’assister, impuissants, à l’embrasement du maquis déjà réduit en cendres.

Une enquête a immédiatement été ouverte. Le service régional de police judiciaire s’est déployé dès l’aube de ce mardi pour recueillir des témoignages, analyser les images captées par des caméras de surveillance des commerces avoisinants, et tenter d’établir avec rigueur la chaîne des événements ayant mené à la tragédie.

Le procureur du Faso près le tribunal de grande instance de Bobo-Dioulasso aurait été saisi dans les premières heures, et une autopsie du corps de la victime serait prévue afin de déterminer avec précision les causes du décès.

Un drame symptomatique d’un malaise social profond

Si l’émotion domine à Colma ce mardi, c’est aussi parce que cet événement ne constitue pas un cas isolé. Il vient s’ajouter à une série d’incidents violents ayant récemment émaillé la vie nocturne bobolaise, mettant en lumière un climat de tension croissante dans certains quartiers où la jeunesse, confrontée à la précarité, au chômage et au manque de perspectives, devient plus prompte à l’éruption que jamais.

Des voix s’élèvent déjà au sein de la société civile pour appeler à une refondation du vivre-ensemble et à une régulation plus stricte des établissements de nuit. D’autres dénoncent une « justice populaire » de plus en plus fréquente, symptôme d’un sentiment d’abandon des institutions judiciaires.

Le maquis Oeil du Cyclone situé à Colma détruit
Le maquis Oeil du Cyclone situé à Colma détruit

Témoignages et désarroi

Sur les lieux calcinés du maquis, quelques habitants viennent ce matin déposer des bougies, prier ou simplement observer, en silence. « Ce garçon n’était pas un voyou, il travaillait dur tous les jours. Il avait ses habitudes ici, c’était un endroit où il venait décompresser », confie un proche de la victime.

Du côté des propriétaires du maquis, c’est la stupéfaction et la ruine. L’un des gérants, que nous avons pu joindre par téléphone, se dit totalement effondré. « Nous avons tout perdu cette nuit. Du jour au lendemain, c’est comme si on nous avait arraché notre vie. Mais ce qui est le plus dur, c’est ce jeune qui est mort. Que son âme repose en paix. »

Vers une réconciliation sociale et judiciaire ?

Il revient désormais aux autorités judiciaires et policières de démêler les fils de cette nuit infernale. Mais au-delà des responsabilités pénales à établir, cette tragédie pose une fois de plus la question de la cohésion sociale, du rôle des espaces de loisir dans une ville en pleine mutation, et du besoin urgent d’ouvrir des canaux d’expression pacifique pour une jeunesse en quête de dignité.

Le quartier de Colma, endeuillé, attend des réponses. Il attend aussi, peut-être surtout, des signes de réconfort, d’apaisement et de justice — pas celle des foules en furie, mais celle des institutions solides et humaines.

Saidicus Leberger

Pour Faso Patriotes TV

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